recueil de paroles (2/3): Les formateurs

Publié le par Deconstanza

Les formateurs


Qu’apporte la démarche en santé communautaire dans le cursus des étudiants en soins infirmiers et dans votre pratique de formatrice?

MHN : « Elle inculque chez le futur soignant un regard sur la patient, une prise en charge large et pas seulement une vision de « piqueuse » 

FB : « Cela leur permet de prendre en compte (tous)les facteurs qui expliquent l’état de santé.(en effet) Les facteurs biologiques ne sont pas seuls qui expliquent la maladie ; il y a aussi les aspects socio professionnels, familiaux… »
Développer chez le futur professionnel la capacité de prendre en charge un groupe de personnes qui présentent un même besoin

MHN : « le terme besoin est en lieu direct avec la pyramide de MASLOW, avec le raisonnement infirmier, la formulation des diagnostics infirmiers »

FB : « c’est une démarche scientifique permettant d’identifier des problèmes. On  peut se situer également dans des dimensions du soin autre que curatif telles que éducatives, préventives et palliatives. »

MHN : « la démarche de santé communautaire permet d’aborder plus facilement ces dimensions car on prend du recul par rapport à la technicité des soins ; on autorise, on donne du temps, on cadre différemment, cela permet de développer le prise en charge préventive car l’étudiant n’est pas obligé de ne faire que du curatif. »

FB : « se situer autour de la maladie chez des gens qui viennent avec un déséquilibre au niveau de leur vie…c’est comme le médecin chinois qui soigne avant l’apparition de la maladie. C’est un nouvel état d’esprit car on est hors (de l’image) de l’infirmière qui pique, qui soigne, qui guérit sans toutefois exclure le palliatif et le curatif.»

MHN :  «  il y a aussi la dimension du respect de la personne où toutes les dimensions (biologiques, psychologiques, culturelles, sociales) sont prises en compte. »

FB : « oui, c’est l’attention à l’autre, être attentif  autant vis-à-vis de ce qui va bien de ce qui ne va pas. C’est savoir lire entre les lignes»

MHN : « c’est ambitieux car il s’agit (promouvoir) une prise en charge globale. Outre l’intérêt pour le patient la DSC développe des compétences pour l’étudiant. Elles vont l’aider plus dans ses études et même après. La DSC introduit la notion de projet avec  le suivi de bout en bout d’une démarche jusqu’à la réalisation concrète  avec l’atteinte des objectifs posés. »

Pourquoi vous vous impliquez dans ce domaine pour la formation des étudiants ?

FB : « avant d’être formatrice, j’ai d’abord travaillé dans des services de soins très pointus. Et la aussi, on s’occupait aussi des familles mais je n’avais pas eu l’occasion de m’occuper de groupe. C’était déjà au fond de moi…
A l’école des cadres, on a monté un projet de santé publique et en arrivant à l’IFSI, j’ai aussi participé à la mise en place de la formation en santé communautaire. »

MHN : « de manière intuitive et inconsciente, je mettais en place des actions pour les personnes souffrant de fractures dans le service de traumatologie où je travaillais.
Je suis sur que ça vient de mon éducation. Il y avait des enseignants dans ma famille. Ils avaient la volonté d’éduquer, de prendre soin, d’être attentif aux autres. J’ai retrouvé les mêmes valeurs humaines dans que j’avais acquise dans (le champ de) la santé. Lorsque j’exerçais en traumatologie et contrairement à  ce que l’on croît, il n’y avait pas que les soins techniques même s’ils sont incontournables. C’est peut être parce je faisais de l’éducation et de la prévention que j’y suis restée longtemps.
A l’IFSI mon implication dans ce module de santé publique m’a permis de comprendre ce que je faisais, d’y mettre des mots. Cela m’a permis de passer d’une pratique inductive à des concepts puis  de répartir vers les étudiants pour qu’ils puissent mettre en pratique la démarche.
Si on leur présente la méthode correctement, s’ils y perçoivent une certaine logique et  ils y adhérent. Quant ils atteignent leur but, ils développent des compétences insoupçonnées de motivation, de créativité, d’organisation, de négociation, de respect et d’attention à l’autre. (C’est peut être du à) la  place de créativité laissée à l’étudiant  dans la projet grâce au  type de cadre (défini par notre méthode) et du service. »



Il nous est paru important d’entendre la parole des collègues moins impliqués que le groupe de référence sur sa perception de l’utilité et de l’impact de l’enseignement de la santé communautaire

Muriel, 41 ans responsable du module hygiène et personnes âgées en première année. Elle  enseigne à l’IFSI depuis 8 ans.

-    Comment percevez vous la formation des étudiants en santé communautaire à l’IFSI ?


 « La santé communautaire est complètement intégrée dans la formation au même titre que la cardiologie par exemple. Cela  fait dix ans (que c’est enseigné) et cela marche presque tout seul ; les trois quart des enseignants pourraient l’enseigner. »

-    Quel est l’intérêt selon vous que les étudiants soient formés à la démarche en santé communautaire ?



« Cela donne une orientation prévention, éducation quelque soit le secteur où l’on travaille. (cela) permet aux étudiants d’avoir en tête cette dimension dans la profession et de leur donner la maîtrise d’outils. Pratiqué dans le soin, la relation, en lien avec le module éducation du patient
Au niveau du service ou du secteur, les gens sont formés à mener une démarche de recherche pour une population donnée- en consultation, en service de chirurgie –. C’est en lien direct avec la démarche de soin ; avec une orientation prévention et éducation ; le module éducation du patient, c’est plutôt le coté opérationnel. La démarche en santé communautaire est une démarche qui fait émerger les besoins.
Ce que je trouve bien, c’est que l’on peut retrouver des thèmes (mis en évidence lors des exposés par les étudiants) dans son module (celui dont le formateur à la charge d’enseignement).par exemple les chutes, le sommeil, l’alimentation, les prothèses, la solitude,…(des personnes âgées). Cela concrétise et cela rassure d’entendre que ce qu’on fait (correspond) à des thèmes qui intéressent la profession infirmière. C’est aussi de pouvoir soi même exploiter dans le contenu (du module)  ce que les étudiants ont travaillé.
Il y a aussi un lien avec le travail de recherche… ; avant d’en parler (pour préparer le travail de fin d’études), il faudrait leur dire qu’ils savent déjà en faire.
Le travail en binôme permet des échanges et ce n’est pas toujours évident. »

Publié dans santé publique

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